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Les passagers de la jetée

Notes sur la peinture, le dessin,et la sculpture. (Terminales)





Témoignage humain incontestable, vision du monde, une peinture rend compte aussi des grands problèmes de la culture artistique. Elle est signe, dialogue, source d'émotion. Son créateur s'y est engagé tout entier. Il importe donc d'apprendre à regarder, à lire un tableau.

"C'est beau ! " - "C'est laid ! " - "Ça ne représente rien ! " sont autant d'appréciations simplistes. Voici quelques propositions pour apprendre à parler de manière plus nuancée de l'art pictural.

Le sujet et le genre


Le contenu explicite du tableau révèle une préoccupation implicite (personnalité de l'artiste, époque dans laquelle il s'inscrit, vision du monde qu'il propose), par la répétition de thèmes, de symboles, par exemple.

Pour percevoir la vision propre à un artiste une classification de la peinture est utile. (Attention, il ne suffit pas pour connaître un peintre de lui coller une étiquette !) La peinture peut être religieuse, historique, mythologique. Citons aussi, pêle-mêle, le nu, le paysage, le portrait, la scène de genre, la nature morte, le fantastique, le non-figuratif.

La technique

Les supports* sont nombreux : de la paroi de la caverne préhistorique aux châssis tendus de toile, en passant par les murs, le bois, les meubles,...

Les liants donnent des effets différents (œuf, colle, huile, cire, eau,...)

La fresque, la détrempe, la peinture à l'huile, l'aquarelle, la gouache, le pastel, le lavis ont chacun leur esprit.




La ligne


La ressemblance avec le réel passe par la ligne. A l'expressivité du graphisme s'associent des valeurs d'ordre moral, psychologique, codées par la culture.

Ainsi, la verticalité, par exemple, peut suggérer l'élévation, la droiture morale, l'autorité, la force, la spiritualité; l'horizontalité exprime quelquefois la matière, la pesanteur; la ligne brisée, l'agressivité, la cruauté, l'orgueil, l'incertitude,...

Sa place, sa direction, son épaisseur, sa forme prennent des valeurs d'expressivité autre qu'un rapport mimétique avec le réel.

Direction : l'horizontale et la verticale ont un effet statique, stable; l'oblique aura une valeur dynamique, instable.

Densité : effet de force ou de faiblesse de l'épaisseur. La ligne pure garde une épaisseur constante, la ligne sensible a une épaisseur variable : plus appuyée ou plus légère.

Relation réciproque : effet de tension rivale et de rupture de la ligne brisée; tension conjointe des courbes, spirales.

Clôture : exprimée par le cercle, l'ovale, le triangle,...

Rythme : effet de fragmentation du segment, du pointillé; effet d'intensité ou de dispersion du pointillisme, de la tache.

L cerne est une ligne entourant un dessin. L'arabesque est une ligne continue que l'on peut suivre à travers un dessin.

Les associations sont sans limites et le sens s'organise en fonction des combinaisons et oppositions des lignes et de leurs valeurs expressives.


La couleur

La couleur est une autre composante de la peinture, elle peut servir à accentuer ou détruire la ressemblance du tableau avec le réel parce qu'elle reproduit notre perception colorée du monde visible.

Dispersion : La couleur est déposée en aplats (grandes surfaces teintées de la même couleur) ou par touches fines, détaillées.

Couleur et lumière sont liées parce que la lumière révèle les couleurs. Si la lumière est blanche ou de couleur, la perception des couleurs par l'oeil sera différente.

Stabilité : la perception des couleurs n'est pas stable, elle dépend de son environnement coloré. Un carré rouge sur fond blanc paraît obscur; sur fond noir, il rayonne. Les contrastes de couleurs entre elles, du clair et de l'obscur, du chaud et du froid; les contrastes de qualité (saturation, luminosité, terne, sans éclat) et de de quantité (rapport de grandeur de surface de deux ou plusieurs couleurs) influencent notre perception.

Spatialité : un autre effet propre à la couleur est sa spatialisation : sur fond noir, par exemple, le jaune semblera venir en avant; sur fond blanc, l'effet est inversé. L'emplacement de la couleur sur le tableau transforme donc son expressivité. Les qualités de froideur, chaleur... produisent, en outre, des effets de profondeur divers.

Esthétique et couleur : Certains artistes, certains mouvements se sont davantage préoccupés de la couleur. Les peintres romantiques du XIXe lui accordent beaucoup d'importance; les Impressionnistes oublient pour elle la forme; au XXe, les Fauves, Matisse, Cézanne, les Expressionnistes, Klee, les Cobra, les Abstraits américains des années '50, les tachistes, l'op'art témoignent de cette réflexion sur la couleur et sa matière.

Expressivité et symbolisme : La couleur prend sa signification comme la ligne dans l'analogie. Elle possède aussi une valeur symbolique et expressive acquise au long de l'histoire. Le choix d'une couleur peut être déterminant dans la réussite d'une campagne publicitaire ou électorale. Voyez le vert, couleur de la nature, il exprime la propreté, l'espoir aussi. Les écologistes, les Verts, en ont fait leur symbole comme, cent ans plus tôt, le socialisme avait préféré le rouge de l'ardeur guerrière, du courage révolutionnaire et de la vitalité. Remarquons que l'économie, les modes, agissent sur le symbolisme de la couleur; ne nous laissons pas influencer outre mesure par ces considérations générales et n'appelons pas "guerrier" le rouge des fraises ! (Pour plus de détails, consulter un Dictionnaire des Symboles).

La perspective

Le désir de représenter un monde à trois dimensions sur un support à deux dimensions a conduit à inventer des systèmes, des techniques.

A l'origine, la profondeur se traduit par l'étagement vertical, la superposition, les distributions centrales ou latérales, l'échelle, autant de procédés qui permettent un système de représentation à deux dimensions.

La perspective linéaire est un autre système de représentation qui suggère, sur une surface, un espace à trois dimensions. Des lignes de fuite se rencontrent en un point qui marque la découverte de l'infini. Ce point détermine une vision unitaire du monde. Cette organisation de la représentation par la mathématique donne à l'œuvre une forme d'objectivité.

Dans d'autres cultures, ce seront le vide ou des lignes parallèles qui créeront la profondeur.

La surface sera ainsi divisée en plans : avant-plan, premier plan, second plan,..., arrière-plan.





Art des volumes

À la différence de la peinture, l'artiste utilise les trois dimensions de l'espace pour donner naissance à des volumes.

L'art du sculpteur consiste à interpréter en dur (ni par moulage, ni en cire) une chair fluide, mouvante, périssable.

Art de l'espace, art du toucher

Comme la sculpture reste figée dans l'attitude d'un instant, il y a nécessité de faire varier son éclairage. Une sculpture se regarde donc en tournant autour d'elle. C'est pour cette raison qu'elle est un art de l'espace.

Si une peinture invite au rêve, la sculpture agit par rayonnement, elle est une présence palpable, tangible.

Types

La première démarche lorsqu'on observe une ouvre sculptée est de déterminer si elle est monumentale (intégrée à une architecture) ou indépendante.

Si elle est conçue comme des saillies se dégageant d'une surface, il s'agit d'un relief. Si elle est dégagée sur toutes ses faces on parle de ronde-bosse.

On retient trois catégories de rondes-bosses : le buste, le groupe, la statue. En ce qui concerne les reliefs: relief gravé : présence de simples sillons, bas-relief ou demi-relief : les saillies représentent le quart ou la moitié du volume réel de l'objet représenté, haut-relief : les objets représentés sont presque dégagés du fond.

Genres

Les genres majeurs en sculpture correspondent à une fonction sociale : s. sacrée ou religieuse, funéraire, commémorative, portrait, s. décorative : sculptures d'appartement.

Reflet d'une époque

L'œuvre est riche aussi d'informations sur l'époque où elle a été réalisée. Par exemple, le nu de la "Marie-Madeleine" de G.Erhart au 16e siècle tend à donner l'illusion du réel ou celui de la "femme drapée" le corps est considéré non comme à imiter mais comme point de départ d'une réflexion sur le thème sujet-objet.

Un travail d'équipe

Au 19e siècle, les artistes dessinent et modèlent. L'artiste est le créateur, il imprime son idée à la terre par le modelage. Il présente ensuite une maquette aux commanditaires. Après accord de ceux-ci, il fait réaliser un modèle confié ensuite aux artisans chargés de l'exécuter.

Pour conserver les modelages, petits, on pratique un moulage en plâtre. Lorsqu'il est sec, la terre est retirée. On coule dans ce moule du plâtre liquide. Quand le mélange est sec, on démoule et apparaît alors l'œuvre originale.

La taille

Au 19e siècle, la taille avec mise aux points est exécutée par un tailleur de pierre : le praticien. Le modèle présente des points de repère reportés au compas sur la pierre (pour les monuments ! car il faut agrandir). Il y a donc division du travail : le sculpteur élabore le modèle, le praticien exécute la taille.

Les étapes de la taille : épannelage (l'artiste dégrossit par pans), dégrossissage (il ébauche la forme), ébauche (il définit les différents plans), finition ( il ajuste le modelé et réalise les détails).

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